Parcoursup : un esprit « orientation résultat »

Une réforme de fond 

 

Il était temps qu’un gouvernement agisse sur ce sujet sensible de l’orientation vers les études supérieures. Pour commencer je vous propose un petit rappel sur le contexte de la réforme de la plateforme APB. Parce que le Ministre précédent avait rendu obligatoire l’inscription dans des formations non sélectives (c’est-à-dire des licences universitaires à effectifs non limités), la plateforme APB a véritablement explosé. Ainsi, les problèmes de sureffectifs dans de nombreuses filières universitaires (STAPS, PACES, psychologie) ont été traités par tirage au sort et plus de 10 000 élèves se sont trouvés sans affectation alors que certains avaient un dossier scolaire excellent. De plus, le taux d’échec à l’université est inacceptable. Selon les données 2106 du ministère de l’enseignement supérieur, 40% des étudiants inscrits en licence passent en deuxième année et seulement 27% des étudiants obtiennent leur diplôme en trois ans.

 

Face à cette situation, le gouvernement a conçu une nouvelle plateforme Parcoursup en un temps record. Plus qu’une opération de lifting les mesures prises vont permettre de rendre l’orientation des étudiants vers le supérieur plus fluide. Les étudiants seront mieux orientés notamment grâce aux attendus fournis par les différents établissements.

 

Le calendrier

 

Nous sommes au mois de février. A ce stade, la plateforme Parcousup est ouverte depuis le 15 janvier et vous pouvez donc consulter les programmes de formation, les attendus pour chaque formation, saisir vos vœux et constituer vos dossiers. Vous avez jusqu’au 13 mars pour saisir vos vœux et jusqu’au 31 mars pour terminer de constituer vos dossiers de candidature. A partir du 1er avril jusqu’au 21 mai les dossiers sont examinés par les établissements. Dès le lendemain et ce jusqu’au 21 septembre les élèves reçoivent les réponses au fil de l’eau. A partir de juillet, pour les élèves qui n’ont pas de réponse positive une procédure complémentaire d’admission se déclenche en parallèle. Il est donc maintenant urgent de saisir vos vœux sur Parcousup. A noter également que certaines écoles ne passent pas par Parcousup. C’est aussi un moyen de continuer des études supérieures.

 

 

Les changements versus APB

 

L’importance du dossier scolaire est renforcée. Les notes de première, de terminale et les résultats du bac en 1ère sont communiqués via la plateforme. Ceci a plusieurs conséquences en termes de stratégie d’orientation. Les bulletins scolaires commencent à être importants à partir de la classe de 1ère d’où l’importance de bien choisir sa série de bac en fin de seconde. La fiche avenir est une nouveauté et renforce aussi le poids des notes. A l’issue du conseil de classe du 2ème trimestre, le chef d’établissement et les enseignants donnent un avis sur l’élève quant à sa motivation pour la filière demandée, ses notes et son profil. Transmise via Parcousup, cet outil est à double tranchant pour l’élève car dans la réalité les résultats ne reflètent pas tout le temps le potentiel notamment pour les personnes à forte personnalité. Ainsi, le jeune a tout intérêt de communiquer clairement ses projets à son professeur principal et de montrer la pertinence de son projet. Si l’année scolaire a été chaotique il faudra commencer à prévoir un plan B comme l’accès à des écoles hors Parcousup.

 

Le futur étudiant pourra faire 10 vœux (contre 24 pour APB) mais avec la possibilité d’avoir des « vœux multiples c’est-à-dire des candidatures dans plusieurs formations de même type de la même académie. Dans tous les cas les vœux seront limités à 20. Un petit conseil : il faut bien réfléchir sur l’adéquation de son profil avec les formations demandées. Enfin, il n’y a pas de hiérarchie dans les vœux et les réponses des établissements arriveront au fur et à mesure à partir du 22 mai. Un autre conseil : n’hésitez pas à assister aux journées portes ouvertes des écoles pour y découvrir les équipements, les locaux et l’ambiance générale.

 

Les « attendus » sont également une nouveauté mise en place par cette réforme. Ces attendus ont été normalement précisés par l’ensemble des établissements courant janvier. Ils serviront pour le classement des candidatures notamment en cas de sureffectifs. Cela concerne les universités et l’ensemble des filières sélectives (IUT, BTS, école postbac, université). La transparence est au rendez-vous et cela permet à l’étudiant d’ajuster sa stratégie de vœux.

 

Enfin, la phase d’admission fonctionne aussi différemment. Les réponses des formations demandées arriveront au fur et à mesure et l’élève devra répondre dans le temps imparti : du 22 mai au 26 juin il aura sept jours de délai et ensuite seulement trois jours, puis 24 heures à partir du 21 août. Et une grande nouveauté pleine de bon sens : une suspension pendant la période du bac de la phase d’admission ! Les établissements sont tenus de répondre à l’ensemble des vœux émis et il y a  plusieurs réponses possibles : « oui », « oui si », « non », « en attente ».

 

Le « oui » correspond à « accepter. Le jeune dispose d’un délai pour accepter ou refuser la formation dans laquelle il est admis. Mais s’il est accepté dans deux établissements différents, il devra choisir l’un des deux dans le délai imparti. Dans ce cas-là, le jeune a tout intérêt à s’intéresser de près aux programmes des différentes formations ou aller voir les lieux afin de choisir la formation la plus adaptée pour lui. Ainsi, il fera donc une sélection au fur et à mesure, ce qui permettra de libérer des places pour les autres candidats en attente.

 

Le cas du « oui si » correspond au « oui sous condition ». C’est une possibilité pour les licences universitaires car l’objectif du ministère étant de faire baisser le taux d’échec. Il pourra être demandé au jeune de suivre un programme de remise à niveau pour correspondre aux attendus.

 

Le « non » correspond à « refusé ». Cette réponse est définitive. Dans ce cas, en complément de la procédure complémentaire qui ouvre en juillet les jeunes qui n’auront que des « non » se verront proposer des formations par le rectorat de leur académie.


Le « en attente » est la situation où le jeune est sur une liste d’attente de l’établissement. Il pourra se voir proposer une place ultérieurement selon les places libérées par les refus des candidats acceptés auparavant. Donc il faudra être très vigilant et surveiller la plateforme Parcousup intensément.

 

La plateforme Parcousup est un outil agile (contrairement à APB) et sans doute des ajustements seront nécessaires au fur et à mesure de son utilisation. Les retours d’expérience seront les meilleurs atouts pour faire progresser cet outil. Donc, il ne faudra pas hésiter à témoigner ! Et maintenant pour ceux qui ne l’ont pas encore fait…faites vos vœux ! Il est encore temps !

 

Laurent Le Provost

Conseil en orientation scolaire

 

 

 

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